Partir à la recherche des tombes familiales est une quête pleine d'émotions et de surprises. Cela passe, bien sûr, par des recherches généalogiques mais il faut aussi aller sur le terrain et utiliser de nouvelles sources et des méthodes spécifiques.
C'est ce que nous décrit Olympe HUET-RIGAUD, généalogiste professionnelle et blogueuse, dans ce nouveau témoignage.
Pourquoi débuter mes recherches de tombes familiales ?
Depuis plus d’un an, je me suis lancée dans une nouvelle quête : retrouver les tombes des ancêtres et collatéraux de ma branche maternelle.
Pourquoi et comment est venue cette curiosité ?
Je n’avais jamais effectué de recherches généalogiques concernant ma branche maternelle avant 2018. Non pas que je ne m’y intéressais pas, mais je n’ai jamais eu de contact avec les cousins de ma mère. Ma seule famille de ce côté, se résume à mamie Zozo, les sœurs de mon grand-père Paul : Mimie et Roberte, ma tante Annie et mon cousin germain Christophe.
Je faisais de la généalogie seulement avec mon papi Georges et mon père, Philippe, donc mon côté paternel. Mais cette fameuse année 2018, papi m’a passé le flambeau des recherches de notre famille et fit de moi la référente des recherches. Une énorme fierté. J’ai donc décidé de me mettre à faire en solo, pour la première fois, la généalogie de ma mère. Je savais que le côté de sa grand-mère maternelle (GOBARD) avait déjà été fait par ma grande-tante Mimie et que le côté DESVERNES était inconnu. Surtout que son grand-père maternel Marcel était né de fille-mère, et qu’il avait toute sa vie été très discret sur ce sujet.
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Me voilà, aujourd’hui, à la recherche de ma famille maternelle depuis plus de 3 ans. J’ai découvert plein de petits secrets, mais là n’est pas le sujet. Une fois que j’ai pu retracer cet arbre sur 10 générations, l’intérêt était de connaître la vie de mes ancêtres mais aussi savoir si pour certains leurs tombes était toujours dans les cimetières.
Ma famille maternelle est de Seine-et-Marne, lieu où je viens d’emménager, les recherches sont donc plus faciles.
Pour Noël 2019, j’avais préparé un livret intitulé « Sur les traces de mes ancêtres en Seine-et-Marne ». J’ai pu emmener mes parents et ma mamie Zozo dans les villes d’habitation de ma famille maternelle et sur les tombes trouvées.
Je ne me suis pas arrêtée là, j’ai voulu trouver le décès et le lieu de sépulture du père adoptif de ma mamie Zozo. Une recherche surprise. En effet, pour des raisons qui échappent à tous, ils s’étaient perdus de vue quelques années avant le décès de celui-ci.
Quelles ont été mes démarches ?
L’acte de décès
Tout d’abord, on commence par l’acte de décès. En général, nos ancêtres/collatéraux sont inhumés dans la ville où est survenu leur décès, s’ils y habitaient. En revanche, s’ils étaient dans un EHPAD par exemple, ils peuvent être enterrés dans leur dernier lieu d’habitation ou la ville d’habitation de leurs enfants.
Si vous ne l’avez pas, trouvez son acte de naissance dans les registres d'état civil, car en application de l’ordonnance du 29 mars 1945, la mention du décès est portée en marge. Si ce n’est pas le cas, cherchez les actes de mariages des enfants et tous actes et documents pouvant vous donner cette information (par exemple : les tables de successions et d’absences…). Si le décès est survenu pendant et après l’année 1970, le décès est référencé sur les fichiers décès de l’INSEE.
Contacter la mairie
Une fois la date et le lieu de décès connus, vous pouvez contacter la mairie. En règle générale, les agents administratifs sont très sympas et cherchent en direct avec vous en ligne ou vous proposent de vous recontacter dans les 24-48h, le temps de regarder.
Plusieurs réponses possibles
- Aucune trace de la concession (fin des recherches ou continuez de chercher, la sépulture est sûrement dans une autre commune)
- Concession relevée (je vous invite à leur demander ce qu’ils ont fait de la stèle. Peut-être qu’ils l’ont encore)
- Concession présente mais va être relevée car elle n’est plus entretenue. (Mon conseil, foncez faire les démarches nécessaires pour récupérer cette tombe. Si vous êtes descendants ça va, si non, c’est plus compliqué. Nous verrons pourquoi plus tard dans l’article)
- Concession toujours là, sans problème, vous pouvez aller vous recueillir et l’entretenir. Si ce sont vos aïeux et que la concession n’est pas à perpétuité, pensez au renouvellement.
La visite
Pensez à bien vérifier les heures d’ouverture et fermeture du cimetière. Demandez à la mairie un plan du cimetière.
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Emmenez votre appareil photo, une brosse, du papier aluminium au cas où, une petite plante (pot rectangle, il aura moins de chance de tomber s’il y a du vent). Et tout autre matériel qui vous semblerait nécessaire. Bien des sites proposent des astuces et conseils pour l’entretien des tombes. Voyez aussi les maisons funéraires qui ont des produits adaptés aux « nouvelles » tombes.
3 cas concrets
J’avais en ma possession les actes de décès de mes arrière-arrière-grands-parents :
- Henri Achille GOBARD né le 14 septembre 1846 à Montlevon dans l’Aisne. Il est décédé, renversé par un train le 21 décembre 1928 à Roissy-en-Brie et inhumé dans cette même ville le 3 janvier 1929. J'ai évoqué cet accident de train sur mon blog.
- Joséphine BERTHELIN née le 20 février 1848 à Jouy-le-Châtel, en Seine-et-Marne. Elle est décédée le 27 août 1916 à Roissy-en-Brie.
J’ai contacté la mairie, qui m’a très gentiment indiqué l’emplacement de la tombe, surprise qu’elle y soit toujours encore car je ne vois pas du tout qui de ma « famille maternelle » aurait pu venir sur cette tombe.
Bref me voilà partie avec ma famille et notre livret « Sur les traces de mes ancêtres en Seine-et-Marne » voir cette fameuse sépulture.
Sans surprise, elle n’est pas entretenue, les gravures sont peu visibles. Il est possible de s’aider de papier aluminium et brosser dessus pour que les inscriptions apparaissent sur ce papier alu.
Grande surprise, il y a deux de leurs enfants notés également.
- Gaston Raoul, mort pour la France le 23 septembre 1914 à Givors
- Paul Gabriel, également mort pour la France certainement le 16 juin 1915 à Souchez. Pourquoi dis-je certainement ? Car à cette date il était porté disparu et le décès a été constaté le 19 octobre 1915 à Souchez.
Il s’avère que Gaston est bien enterré avec eux, mais que Paul est seulement mentionné, on peut donc parler d’épitaphe.
Ce dernier est enterré à Ablain-Saint-Nazaire, au cimetière de Notre dame de Lorette.
Un monument aux morts mentionne nos deux soldats, dans le cimetière.
- Nous sommes ensuite partis à Condé-Sainte-Libiaire pour nous recueillir sur la tombe de Robert ROUXEL, père adoptif de ma mamie Zozo.
Avant cette visite, pour trouver sa tombe, je suis partie de son acte de décès. Il est décédé le 26 octobre 1965 à Lagny-sur-Marne. Sur cet acte, il était mentionné «transport à Condé-Sainte-Libiaire»
J’ai donc contacté la mairie, qui m’a aimablement répondu avec le plan du cimetière.
J’ai appris que c’est sa troisième épouse, Marcelle VIALATTE, qui avait payé, à perpétuité, cette concession, mais qu’elle n’est pas enterrée avec lui.
Ma grand- mère a pu de cette manière, se recueillir sur la tombe de son père. Émotion garantie !
J’ai continué sur ma lancée, pour retrouver un bébé « oublié » du côté de ma belle-famille. Un petit frère de mon beau-père dont on ne savait rien. Je passe sur l’histoire familiale mais je suis également partie de l’acte de décès, établi le 27 septembre 1947 alors qu’il n’avait que 10 mois.
La famille de l’enfant étant originaire de Saint Péravy-la-Colombe, je me suis rendue dans le cimetière de celui-ci et ce jour-là des tombes étaient sur le point d’être relevées. Prise de panique, j’ai fait tout le tour du cimetière, rien. La famille est enterrée là, mais ce petit bébé n’est pas présent. Mon idée de départ n’était donc pas la bonne.
J’ai donc appelé le cimetière d’Orléans. Le monsieur qui m’a répondu et aiguillée fut très agréable et me proposa de mener l’enquête sur cet enfant et de me recontacter.
1 heure plus tard, j’avais les réponses : ce bébé était bien inhumé dans ce cimetière, mais la concession n’a pas été reconduite et fut relevée. A la place est désormais posé un banc. J’ai été heureuse de trouver réponse à ma recherche, mais j’ai été très affectée par ce bébé « oublié » dont on n’a pas reconduit sa tombe. Je regrette de ne pas être arrivée plus tôt pour « sauver Christian » … Quand le temps et la température le permettront, j’irai voir l’endroit où a reposé quelques années cet enfant.
Je vous parlais de la stèle plus haut. Je n’avais pas demandé l’information la première fois, j’ai donc rappelé quelques mois plus tard, aucune information sur la date où a été relevée la tombe et concernant la stèle, elle a été détruite. Aussi, j’ai appris que les concessions pour les enfants étaient de 5 ou 15 ans, la source n’était pas sûre concernant ces délais, donc pas de quoi regretter, je ne pouvais pas sauver cette tombe.
Reprise d'une concession
J’ai souhaité reprendre à mon nom la concession de Robert ROUXEL dont je vous ai parlé plus haut et dont j'ai évoqué la vie sur mon blog.
La mairie m’a demandé tous les documents prouvant le lien de Robert avec Mamie. Ce que j’ai fait. Un beau dossier, mais quelques mois après, j’ai eu la réponse. C’est possible... mais étant donné que c’est sa femme qui a payé la concession, je dois retrouver ses héritiers, donc neveux et petits-neveux et passer devant le notaire.
Voilà ma nouvelle quête. Je raconterai les aventures de ces recherches lorsque cela aura déjà bien avancé !
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Bonjour
Je viens de reprendre depuis 6 mois les recherches généalogiques de ma famille ; Ces recherches ont commencé en 1992 mais interrompus par la suite . A la retraite depuis l’an dernier , je m’y suis remis . Votre article est captivant montrant qu’il faut faire preuve de patience et de ténacité . De mon côté , j’ai un Ancêtre nommé François LE MENTEC né en Mars 1784 et mentionné comme étant parti sous les drapeaux je suppose durant sa 20ème année puis indiqué comme porté disparu , depuis , je fouille de tout côté afin d’en retrouvé la trace je vais devoir me déplacer aux AD du Morbihan ( département dont il est originaire ) afin de consulter les registres de recrutement . Je ne me résoudre à ne pas le retrouver , peut être est il tombé lors d’une campagne Napoléonienne
Bonjour,
merci pour votre lecture et votre agréable commentaire.
Je vous souhaite de trouver les réponses à votre quête.
Bonne continuation,
Olympe RIGAUD
Bonjour et merci pour cet article fort intéressant. Au sujet de la reprise d’une concession, en allant où est inhumée la grand-mère paternel de ma femme, nous avons vu le petit mot disant que la tombe allait être relevée. Elle est allé à la mairie avec le livret de famille et on lui a dit que c’était la fille de la défunte, donc la tante de la femme , qui avait payé la concession et ce n’était pas le même nom. En expliquant qui elle était elle a pu reprendre cette concession pour 30 ans. Ma femme a contacté certains de ses cousins pour participer aux frais mais là … zéro. Ha la famille.
Bonjour, merci pour votre lecture et pour le partage de votre expérience. Il est vrai que certains membres de la famille n’ont pas le même intérêt que nous surtout quand on touche au porte-monnaie. 🤗
Merci pour vos commentaires sur la manière de procéder pour retrouver une ou plusieurs tombes. Mais comment faire si l’on trouve la tombe mais pas l’acte de décès ? Les mairies peuvent elles nous aider ? Je suis persévérante et finirais bien par trouver des réponses. Cordialement
Bonjour, merci d’avoir lu mon témoignage. 🙏
Je vous conseille d’appeler la mairie, ils auront sûrement l’information. Bon courage dans votre quête 😉
J’ai commencé à lire cet article, mais l’encart “Coaching Genealogie” qui clignote en permanence capte sans cesse l’attention et gène la lecture. Je cesse donc ma lecture.