Faire sa généalogie sans logiciel est possible. Stanislas Devèze nous explique, dans ce billet, le système qu’il utilise depuis 15 ans pour conduire ses recherches généalogiques sans logiciel.
C’est un billet particulier que vous allez lire maintenant. Il s’agit du premier billet invité publié sur GénéalogiePratique.
C’est un vrai plaisir pour moi d’accueillir Stanislas Devèze, auteur du blog D’où je viens, un blog que j’ai le plaisir de lire assidûment.
Quand Stanislas m’a proposé d’écrire un billet invité sur la généalogie sans logiciel, j’avoue avoir eu un vrai moment de doute : C’est vraiment très loin de mes croyances personnelles en terme de pratique de la généalogie.
Mais curieux de nature (comme tout généalogiste, il me semble), je lui ai dit BANCO, ton objectif est de me convaincre que c’est possible.
Je dois reconnaître que le défi est relevé !
Je laisse donc le clavier à Stanislas et vous invite à découvrir son système pour faire sa généalogie sans logiciel.
Merci Laurent et bonjour à tous,
Comment faire sa généalogie sans logiciel
Ce titre provocateur est surtout là pour bien vous faire prendre conscience que la généalogie est une passion qui se suffit à elle-même. La pratiquer n’exige pas d’utiliser de logiciel. Il me semble utile de rappeler cette vérité que beaucoup oublient.
Alors évidemment, il n’est pas possible de tout faire sans logiciel mais on peut tout de même être généalogiste sans ordinateur. Les logiciels ont deux ou trois qualités qui les rendent aujourd’hui très importants aux yeux de tous :
- Le gain de temps (les liens sont vite faits)
- Le côté pratique (gestion simplifiée des implexes par exemple)
- Des options avancées comme les statistiques
Cependant, le travail effectué par nous-mêmes permet avant tout de nous imprégner pleinement de notre généalogie. Le temps passé à construire notre arbre sur papier n’est pas du temps perdu sauf à avoir un but dévoyé de cette passion qui est la nôtre.
Le but n’est pas d’être efficace ou efficient (encore pire) mais de découvrir pleinement notre généalogie, de nous imprégner de l’âme de notre famille.
Je m’en vais vous en convaincre à travers ce plan très scolaire certes mais surtout méthodique, car lorsqu’on n’utilise pas de logiciel, il faut bien l’être, méthodique.
La méthode
– Numérotation verticale
– Numérotation horizontale
– Numérotation individuelle
L’organisation
– Page de garde
– Collatéraux
– Travaux de recherches
– Les documents
– Annexes
L’appropriation
– Le repère visuel
– La mémoire kinesthésique
– La psychogénéalogie
La méthode
La méthode que je vais vous présenter n’est que la mienne. Il en existe des centaines d’autres. Il s’agit d’une méthode que j’utilise depuis mes débuts de généalogiste il y a quinze ans donc elle a fait ses preuves en se développant, en s’affinant au fil des années.
Tout commence par une bonne classification et surtout une classification adaptée à la pratique de la généalogie sans logiciel. C’est pourquoi j’ai écarté la numérotation SOSA pour créer une numérotation propre.
En gros je quadrille mon arbre pour classer mes recherches correctement et pour l’étudier précisément. Aussi, cette numérotation sera à la fois verticale et horizontale + une numérotation complémentaire pour les collatéraux. Je vais vous expliquer ce que tout cela signifie réellement :
La numérisation verticale ou par branche
Comme je l’explique dans l’article Guide ultime de numérotation en généalogie : chaque individu a un nom de famille (patronyme).
Et chaque nom de famille aura un numéro précis.
C’est ce que je nomme la numérotation verticale ou par branche car elle est directement liée à la famille.
La numérisation horizontale ou par génération
Elle est simple. Je suis de la génération Zéro. Mes parents de la génération Une. Mes grands-parents Deux, etc.
Nul besoin de grands mots pour expliquer comment fonctionne cette numérotation.
Je préciserais une seule chose : je suis de la génération Zéro et non Une afin de respecter la logique de la formule de numérotation que nous avons vue précédemment dans l’article de mon blog sur la numérotation verticale.
La numérisation « en profondeur » ou individuelle
Cette numérotation ne concerne que ceux qui sont à la recherche des collatéraux : les frères et sœurs, les cousins, etc.
Elle suit une logique de « degré d’éloignement » : plus la personne est éloignée de notre ancêtre, plus le chiffre attribué sera grand.
Ainsi, les ancêtres directs ont un degré d’éloignement = 0
Les frères et sœurs = 1
Les cousins = 2
Les cousins issus de germain = 3
Etc.
Il est important de noter qu’il est toujours calculé par rapport à l’ancêtre le plus proche.
Si on veut aller plus loin :
À ce degré d’éloignement, je préconise d’ajouter l’année de naissance, ce qui permettra de situer l’individu dans le temps si on est amené à le comparer à d’autres de sa génération. J’apporte cette précision à l’aune de mon expérience car elle m’a été bien utile.
Parfois on se dit à part soi : « Ah, c’est l’aîné de la fratrie, c’est pour ça qu’il a eu cette orientation de vie», etc.
Maintenant que nous visualisons correctement l’arbre constitué des ancêtres et des collatéraux qui le compose, il faut y mettre des « données » comme dans un logiciel mais ici, ce sera manuel.Et pour cela, il faut une bonne organisation.
L’organisation
J’ai choisi une organisation par branche, c’est-à-dire que la numérotation verticale prime sur les autres. Autrement dit, chacun de mes dossiers d’étude correspond à un nom de famille.
Je fonctionne de cette manière mais on aurait très bien pu penser l’organisation autrement. Par génération par exemple, on peut très bien imaginer qu’un généalogiste veuille que chacun de ses dossiers d’étude corresponde à une décennie. L’organisation aurait été de type « historique » plutôt que familiale.
A chacun de mes dossiers, donc, correspond un nom de famille. Dans chacun d’entre eux se trouve alors divers documents que tous les généalogistes sauront reconnaître. L’expérience m’a fait repenser maintes fois l’organisation de mes dossiers pour me fixer finalement sur celle-ci :
Page de garde
Au-dessus de la pile de documents, la page de garde qui n’est autre que la « photographie » de la branche concernée. Petit conseil : ne mettre que 3 ou max 4 individus sur une page.
Collatéraux
Les collatéraux trouvés par génération et par degré d’éloignement
Par exemple :
1 page pour la génération Zéro / éloignement 2. Ici sont indiquées les données de l’ensemble des cousins
1 autre page pour la génération 2 / éloignement 1. Sur cette page, tous les frères et sœurs de mes grands-parents
Etc.
Travaux de recherches
La compilation des travaux de recherches. Ma prise de note lors des recherches s’organise toujours de la même manière : je mets systématiquement la source dans la marge puis j’inscris dans la partie principale la transcription de l’acte ou de tout autre document d’archives
Les documents
Les documents numérisés (photos, actes, etc.)
Par exemple : les photos des actes
Annexes
Les annexes du style pages sur le contexte géographique, professionnel, familial (les liens ou relations éventuels avec certains collatéraux ou certains amis)
Par exemple : la page Wikipédia de la ville de naissance de tel ancêtre « fondateur » qui explique beaucoup de choses
L’appropriation de sa généalogie
Le repère visuel
Avoir l’arbre ou une partie choisie de notre arbre généalogique devant les yeux permet d’avoir un repère visuel qui m’est bien utile dans mes recherches.
En effet, il permet de faire des correspondances.
« Tiens mais le grand-père de la mariée exerçait le même métier que le marié »
« Tiens mais le témoin de mariage a le même nom de famille que le cousin issu de germain de la mère de la mariée »
Un peu comme dans les séries policières, vous voyez souvent que les enquêteurs ont un tableau sur lequel ils posent les photos des meurtriers en les reliant aux photos de certains témoins par de la ficelle rouge.
La visualisation est importante pour comprendre.
Surtout quand on a une mémoire visuelle bien évidemment.
Mais même sans cela, cette manière d’aborder la généalogie sert aux personnes qui ont un autre type de mémoire…
La mémoire kinesthésique
On parle souvent de mémoires visuelle et auditive. Mais connaissez-vous la mémoire kinesthésique ? Peut-être que vous-même appartenez à ce profil sans le savoir.
Comment savoir si vous êtes kinesthésique ? Il existe différents signes qui indiquent que vous êtes kinesthésique :
- Vous appréciez le confort et la douceur. Côté vestimentaire, vous avez une prédilection pour les tenues décontractées.
- Lorsque vous marchez, vous êtes concentré sur vos réflexions intérieures. Vous êtes de ceux qui croisez des proches dans la rue sans les voir.
- Lorsque vous discutez, vous aimez toucher votre interlocuteur : une petite tape dans le dos ou une accolade…
- Vous avez une imagination débordante et faites souvent preuve d’impulsivité.
- Vous êtes souvent indécis et pouvez changer d’avis plusieurs fois dans un court laps de temps.
Source : Ludovic Gautier – Tout-sur-la-mémoire.com
Il se trouve que j’en suis et c’est pourquoi je suis tant attaché au « papier » qui permet la MANIPULATION.
Car manipuler permet de ressentir les choses et c’est ainsi que je mémorise en tant que kinesthésique.
Donc si c’est immatériel à l’instar des données d’un logiciel, je ne mémoriserais pas grand-chose…
La psychogénéalogie
Et manipuler justement, parlons-en car il paraît que manipuler est recommandé dans le cadre des analyses psychogénéalogiques.
Ces analyses permettent de mettre le doigt sur ce qui aurait pu causer notre déséquilibre intérieur. En gros, il s’agit de savoir qui de nos parents ou de nos grands-parents nous auraient fait du mal sans le vouloir. Et surtout de se demander comment y remédier.
Mais au-delà de tout ça, la psychogénéalogie permet d’appréhender ce que j’appelle « l’âme de la famille » et de comprendre parfois les choix de nos ancêtres à la lumière de la vie de leurs grands-parents.
J’isole souvent une partie de mon arbre mentalement ou via un schéma.
Ensuite je réfléchis aux possibles liens. Ce ne sont que des hypothèses mais très souvent une histoire se construit et prend forme.
Exemple : Jeanne qui n’a plus de nouvelles de son père depuis qu’elle a l’âge de 5 ans se marie avec un homme de vingt ans son aîné. Remplacement du père absent ?
Autre exemple : Pierre est fils de charpentier et il réussit à l’époque napoléonienne à être fonctionnaire au Trésor Public. Il devient rentier (retraité) plutôt jeune au lieu de briguer le haut-fonctionnariat. Loyauté envers la classe sociale du père qui l’empêche de trop s’en éloigner ?
Etc. Etc.
LES LIMITES / CONCLUSION
Bien entendu, il est évident qu’une pratique papier nous limite quand on a autant de données, c’est obligé et je ne vous dirai pas le contraire. La machine calcule bien plus vite et bien mieux que l’homme.
Mais les soucis engendrés par l’absence de logiciel sont beaucoup moins graves selon moi que ceux engendrés par la présence d’un logiciel qui en fait trop pour nous.
Je sais que la plupart d’entre vous ne seront pas d’accord. Alors, dans ce cas, pour vous en quoi un logiciel est indispensable pour étudier sa généalogie ?
Ou peut-être êtes-vous convaincu par cet article et vous décidez de vous y mettre ?
Bonjour,
Faire sa généalogie sur un logiciel ou sur un site a de nombreux avantages par rapport à la solution papier en complément de ceux cités :
– la structuration des données avec de multiples contrôles
– l’intégration d’annexes multiples : actes, photos, documents, liens sur des sites, audios, vidéos…
– de multiples fonctions de traitement des photos
– le suivi géographique de nos ancêtres
– des tris multiples des données sur le nom, le lieu, la profession, la date
– de multiples états, arbres et rapports dont de multiples livres de famille
– la recherche simplifiée d’un individu et des liens avec un autre individu d’où l’inutilité des numérotations
– une plus grande sécurité de conservation des données
– une plus grande accessibilité à nos données quelque soit le lieu et le matériel
– une plus grande facilité de communication de ces données à nos proches
– la possibilité de partager nos recherches via la généalogie collaborative
– la communication entre sites, logiciels et applications annexes
– les passerelles entre généalogie et test ADN
– et enfin, une économie d’espace, de papier, d’encre, de classeurs, d’armoires… Ma généalogie tient sur un ordinateur de 1,5 kg !
Je sais que je prêche un converti en Laurent, mais sauf non maîtrise de l’ordinateur faire sa généalogie sur papier au 21ème siècle j’ai du mal à comprendre. C’est d’ailleurs pour cela que j’anime depuis 10 ans des ateliers informatique et généalogie en tant que bénévole.
Je suis aussi kinesthésique mais je ressens aussi bien et même mieux ce qui est sur un logiciel que sur papier. Il est vrai que j’utilise de puis plus de 40 ans un micro-ordinateur et que j’ai plus de confort avec un clavier qu’avec un crayon et du papier.
Accessoirement, sur cet article je ne vois pas le lien avec l’intérêt d’un chapitre sur la psychogénéalogie qui pour certains est une pseudo-science. J’ai une ami qui la pratique professionnellement et nous avons fait un arbre simplifié de quelques générations pour faire cet analyse. La façon de présenter sa généalogie serait aussi révélateur. Donc, le lien entre psychogénéalogie et l’organisation de sa généalogie ne me semble pas évident.
Et enfin, pour paraphraser l’auteur : Mais les soucis engendrés par l’absence de logiciel sont beaucoup plus graves selon moi que ceux engendrés par la présence d’un logiciel qui nous facilite le travail, la sécurité des données et la communication.
Bonjour,
Je viens vous remercier car je préfère le papier aussi
peut-être est ce du à mon “jeune âge” !
j’aime votre façon d’expliquer même si je dois m’y reprendre à plusieurs fois pour mieux comprendre
en fait, je reconnais certaines de mes erreurs au niveau de la numérotation
donc, j’apprends à les corriger bien sur
malgré tout j’ai encore beaucoup de choses à étudier
comme on dit si bien
il n’y a pas d’âge pour apprendre
merci à vous, je continue à regarder votre façon de faire
Christiane dit Mamieflash
Bonjour,
Votre article est très intéressant.
Bien que travaillant sur Hérédis, je travaille aussi beaucoup sur papier.
J’ai la même façon que Vous de relever un acte sur papier (source en marge, père, mère, témoins, adresses….)
J’envisageais justement de faire mon arbre sur papier (manuellement) et je crois que je vais m’inspirer de vos conseils pour la numérotation ; c’est ce qui me paraissait un peu compliqué 😉
Merci pour ces bon conseils.
Patricia Arrachart
Bonjour et merci pour votre commentaire, Patricia,
Je vais le transmettre à Stanislas, l’auteur du billet. 😉
Bonne fin d’année,
Laurent